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Je ne participe pas à la sargasse-psychose

S'il existe un maire écologiste, c'est bien Garcin Malsa de Sainte-Anne. Il a pourtant été d'un mutisme assourdissant lors de la « crise » de la sargasse. Et a même refusé d'assister aux réunions : Pourquoi ?
« Tu comprends, je suis un optimiste. Pour moi, quelqu'un qui ne tire pas le meilleur parti d'une situation est un pleureur. Et moi je n'aime pas faire de la peine aux gens. C'est pourquoi on ne m'a pas vu lors des dernières grands messes surmédiatisées à propos des sargasses » . Le ton est posé. Garcin Malsa est radicalement à contre-courant de ce qui s'est dit ou fait ces dernières semaines, concernant cette crise.
Et d'abord la toxicité des algues : « Je ne sais pas qui a eu l'idée de lancer ce bruit, s'insurge-t-il, mais c'est parfaitement stupide! Ces algues seraient même bénéfiques pour la peau. Nous avons toujours eu des sargasses en Martinique. Et il n'était pas rare de voir les baigneurs se frictionner avec elles. Les sargasses n'ont rien à voir avec les algues vertes de Bretagne. D'ailleurs, nous à Sainte-Anne, suivant en cela l'expérience du Japon et du Brésil, poussons des jeunes dans la voie de la cosmétologie à base de sargasses non encore sèches » .
Savoir tirer profit d'un phénomène nouveau
Ce faisant, il nous entraîne vers l'anse Michel et se saisit d'une poignée de sargasses séchées. Et s'en frictionne vigoureusement les bras : « Sèche, la sargasse ne sent pas, n'est pas toxique et est même une bénédiction pour nos sols. L'autre jour, j'entendais quelqu'un dire que pour s'en servir comme compost, il faudrait la dessaler à grands frais. Ces Martiniquais sont nés hier. Ils ne savent donc pas qu'avant on prenait les sargasses et les mettait sur les branches d'arbres. Là, la pluie les dessalait et quand la sargasse tombait à terre, on avait un compost de première qualité. Bien sûr, il n'est pas question d'utiliser un tel engrais pour les tomates ou les melons. Mais pour les arbres et la stabilisation des sols : il n'y a rien de mieux. Et c'est gratuit! »
Du coup, il nous fait visiter la propriété d'un cultivateur bio. Ce Saintannais a déjà stocké plus de 40 camions de sargasses en vue des prochaines cultures. « Tu t'imagines que certains brûlent cette manne et demain vont utiliser des pesticides et autres engrais chimiques, payés à prix d'or ? Nous sommes des enfants gâtés amnésiques » . Garcin Malsa a la dent dure : « Il faut bien se dire qu'en vivant en pays dominé, on désapprend à mettre l'intelligence au pouvoir. Il en va des sargasses, comme du marbre, des melons ou de la vigne. Au lieu de tirer parti de ce qui nous entoure, viser d'abord l'autosuffisance, on pense subventions et tout de suite super profits. Avec les sargasses on gagnerait à envisager l'éventualité d'une nouvelle donne climatique. Dans ce cas il s'agit de structures à mettre en place et de mentalités à changer » ...
« Les sargasses n'ont rien de toxique. » (E.H-H.)« Les sargasses n'ont rien de toxique. » (E.H-H.)
EXPRESS - Sargasses : premier bilan d'un phénomène inédit (2/2) Et maintenant ?
Les algues sont capricieuses. Après avoir envahi la côte Sud et Atlantique, elles ont suivi les courants pour s'installer, dans une moindre mesure, dans le Nord-Caraïbe. Elles se sont aussi retirées par moments, pour mieux revenir. La semaine dernière, un survol en avion de la Martinique avec la brigade de surveillance aéromaritime de la douane indiquait que les nappes formées s'étaient véritablement désagrégées et que seules les toutes petites criques étaient encore très touchées. Le nettoyage intensif des plages était passé par là. Cette semaine, certaines mairies, comme au Vauclin ou, bien sûr, au Diamant, indiquent de nouveaux arrivages. Seulement, les contrats d'insertion des jeunes d'AB Stratégy s'arrêtent le 28 août et la date du prochain comité de pilotage n'est pas connue.
- ILS ONT DIT
ROLAND GONZALVE, CONSEILLER MUNICIPAL ET PRÉSIDENT DE L'OFFICE DE TOURISME DE SAINTE-ANNE
(E.H-H.)(E.H-H.)
« Je ne peux pas dire que les élus des communes concernées ne se sont pas mobilisés pour essayer de venir à bout de cette invasion des sargasses, parce que c'était désagréable non seulement pour les baigneurs et les marins-pêcheurs, mais aussi préjudiciable sur le pan touristique. La Région s'est impliquée en nous venant en aide mais nous avons aussi compté sur nos propres moyens. On a l'impression que rien n'est fait, mais cela est dû au manque de moyens techniques et financiers. Et cela continue à nous gêner car nous ne savons pas les conséquences que cela engendrera... »
CHRISTIAN MURAT, DIT « BÈBÈCHE » MARIN-PÊCHEUR ET AGENT ÉCONOMIQUE
(E.H-H.)(E.H-H.)
« J'exerce mon activité touristique de l'Anse Michel au Cap Ferré, et cela ne me gêne trop, car tout se passe dans l'eau, sur les fonds blancs. Mais sur les zones que les algues ont envahies, l'odeur de décomposition qui se dégage est insupportable et éloigne les baigneurs ou les marcheurs dont le nombre diminue. Concernant l'activité pêche, les algues nous ont amené de nombreuses espèces de poissons. Mais il nous est difficile de mettre les bateaux à l'eau, d'y plonger nos filets ou de récupérer nos nasses. Il y a des efforts de faits comme les opérations de nettoyage, mais elles sont vaines, car les algues continuent d'échouer. »
« On nous fait peur et c'est tout »
L'argument aux lèvres, l'oeil aux aguets, le maire de Sainte-Anne ne décolère pas. « Nous avons un faisceau de facteurs naturels et humains qui ont entraîné des changements climatiques. Pour l'heure, tout déterminisme est absurde parce qu'on n'a pas assez de recul. Néanmoins, il faut savoir qu'au large, les sargasses ne sont pas nuisibles ; bien au contraire puisqu'elles concourent au développement de la faune. Qu'est-ce qui nous a empêchés d'équiper nos côtes de filins équipés de cubis, comme il est fait en cas de marée noire ? »
- L'axe de la terre aurait bougé ?
Parmi les probables causes du mouvement des sargasses, le SMETEOM le léger « désaxage » de la terre dû au séisme du 27 février 2010 au Chili et à celui du 11 mars 2011 au Japon. Bien que léger, ce mouvement a modifié les champs magnétiques, les temps d'exposition au rayonnement solaire quotidien, l'attraction lunaire donc les marées, la durée des jours... Donc, cette conséquence pourrait pour Garcin Malsa être une des causes de la prolifération accrue des sargasses.
- Attention mangroves
« Les nappes de sargasses ne dégagent des effets indésirables, comme le sulfure d'hydrogène que dans les mangroves et certaines anses » , vous dit-on à Sainte-Anne. Ajoutant aussitôt que nous assistons avec cet accroissement d'échouages massifs de sargasses sur des rivages de mangroves, en Martinique, à Trinidad, au Venezuela et ailleurs, entraînant décompositions de matières organiques, dans des boues riches en bactéries sulfureuses proliférant (dégageant sulfure d'hydrogène H2S), aux prémisses d'un processus écologique global de très long terme lié au cycle du carbone ; et à l'échelle du temps géologique, à une recomposition ou formation de pétrole.

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