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FAIRE PEUPLE AUTOUR DE LA CELEBRATION DE L’INSURRECTION DE 1870

Se contenter de cantonner l’insurrection de septembre 1870 à la Martinique tout en insistant sur l’événementiel  et le fait déclencheur qui est la condamnation au bagne de Léopold Lubin, jeune artisan noir, au profit de De Maintenon, fonctionnaire blanc demeuré impuni, serait réducteur, insultant et même affligeant à l’égard des protagonistes.

« L’insurrection de septembre 1870 » mérite  bien d’être considérée comme un grand mouvement populaire contestataire dont l’impact dépasse nos frontières. En termes de recherche de pouvoir populaire, il a une portée historique de même qu’il faut lui reconnaître une importance exemplaire en termes de courage, d’audace et d’esprit de sacrifice dont ont fait preuve les insurgés.

Ceci est à souligner d’autant que c’est seulement 22 ans après l’abolition de l’esclavage que survint ce grand gawoulé, alors que les principaux insurgés, anciens esclaves et paysans pour la plupart n’ont appris à s’organiser ni politiquement, ni militairement pour faire face à des forces armées et judiciaires françaises.

Aujourd’hui 141 ans après ce grand soulèvement social et politique dont le théâtre des opérations se trouvait dans le sud, notamment Rivière-Pilote ; nous patriotes-souverainistes Martiniquais avons décidé d’unir nos forces pour acter cet événement comme un « faire peuple » majeur et incontournable de notre patrimoine commun au même titre que la révolution antiesclavagiste de mai 1848 qui conduisit à l’abolition de l’esclavage.

En cette année 2011, nous croyons fondés d’agir dans l’unité, le respect pour honorer et célébrer nos héros disparus. Sans frétillement idéologique, ni calculs politiciens, nous sommes interpellés à assumer historiquement cette commémoration nationale :



1.    Par devoir de mémoire 

S’il est avéré que les peuples qui n’ont pas traces de leurs héros sont voués à disparaître, il est admis que c’est la connaissance de leur histoire qui permet aux peuples de découvrir leurs héros et de se forger la dignité et la résistance à l’envahisseur. Plus d’une quarantaine d’années après la 1ère grande manifestation publique autour de l’insurrection du sud nous estimons qu’il est temps, grand temps de sortir de l’enfouissement les principaux instigateurs qui ont marqué cette belle et glorieuse page de notre histoire.
De même que nous nous sommes battus pour faire du 22 mai 1848 une journée chômée et fériée puis faire inscrire l’esclavage et la traite négrière comme crimes contre l’humanité, de même qu’aujourd’hui le temps est venu pour que nous prenions le flambeau de la lutte pour faire que l’ « insurrection du sud » soit un événement incontournable et célébré avec la même ferveur populaire que le 22 mai 1848.

Des héros de septembre 1870 sont en grande partie connus. A nous d’amplifier le nombre, de les faire connaître et d’en parler comme d’illustres exemples : Lacaille, Rosalie Soleil, Madeleine Clem, Louis Telga, Sophie Lumina, etc…


2.    Par obligation de transmission

Dès lors que nous reconnaissons cette « Insurrection populaire » comme faisant partie des contestations révolutionnaires de son époque contemporaine et que des hommes et des femmes ont osé inscrire leurs noms pour que, à travers des formes de résistance inventées, se perpétuent la liberté et la dignité ; s’impose donc à nous l’obligation de transmettre toutes les valeurs qu’ils incarnaient pour le bien être de l’humanité. Aussi dès cette année 2011, nous devons tout mettre en œuvre pour que tous les lieux de formation de l’esprit et de transmission du savoir (la famille,



 les écoles, les universités, les mairies, etc…) soient impliqués dans cette démarches ; et que les moyens de communication (radios, télévision, internet, etc…) soient mis sans condition et légitimement au service des citoyens de Martinique.

3.    Par responsabilité générationnelle en nous inspirant de l’exemple des héros de 1870 pour créer une dynamique solidaire capable de répondre à l’effondrement de la prise de conscience de responsabilité politique qui s’accompagne de dérapage de nos valeurs identitaires. Alors que notre société est menacée de chômage, de blocage économique pour les plus déshérités dans un contexte de crise économique financière et politique structurellement ingérable.

4.    Par nécessité historique comme contribution à la construction du pays sur des bases responsables répondant aux exigences des désespérés et déshérités de la société. Plongés dans une impasse idéologique et politique les peuples du monde entier se réveillent pour se donner de nouvelles perspectives en matière de développement durable et solidaire. Notre pays, comme déjà annoncé plus haut n’est pas épargné. Debout comme un seul, ces peuples se déclarent « indignés » des pouvoirs en place qui les ont longtemps méprisés au profit de clans. Là encore notre pays a connu cette démarche en février-mars 2009, mais faute de cohésion dans la direction de la lutte et en absence de direction politique claire et audacieuse, nous avons piétiné.
Il nous a manqué de vision à moyen et long terme parce que nous, forces patriotes-souverainistes nous avons majoritairement abandonné le terrain de la lutte idéologique et politique au profit de la gestion du court terme ; rejoignant en cela objectivement les profiteurs sur le propre terrain.




Aussi, si nous étions armés de l’esprit des héros de septembre 1870, nous aurions certainement contribué à transformer en révolution réussie le grand mouvement social de février-mars 2011.

L’heure est venue en cette année de célébration du 50è anniversaire de la mort de Frantz Fanon de reprendre à notre compte les revendications phares des protagonistes de « l’insurrection du sud » qui confirment la pensée de Frantz Fanon :
·       La maîtrise de la Terre comme « matrice essentielle de notre patrimoine car c’est elle qui nous donne le pain et la dignité ». Il convient d’élargir cette conception de la Terre à notre littoral qui sert de transition entre la terre ferme et  la mer, laquelle est un espace d’ouverture vers la Caraïbe en particulier.
·       La revendication du pouvoir comme exigence politique assumée par des Martiniquais et pour des Martiniquais dans le but de construire  un destin commun. C’est en quelque sort la question de la souveraineté nationale qui est posée.
·       La nécessaire prise de conscience que ls possédants d’hier encore maîtres d’aujourd’hui doivent cesser tout « diktat » et toute « pwofitasyon » sur l’ensemble du pays. Ce qui nous conduit à revisiter la notion de conscience de classe dans le contexte des interdépendances engendrées par la mondialisation.
·       La question identitaire sans laquelle, aucune communauté ne peut se distinguer des autres et affirmer son particularisme et sa dignité ; sans laquelle aucune communauté ne peut assumer la transition entre son passé, son présent pour se projeter dans le futur.

  
Nous appelons les Martiniquais à se rassembler autour de ces idées force pour honorer la mémoire des héros connus et inconnus et faire de « l’insurrection de septembre 1870 » un événement incontournable et inoubliable de notre patrimoine.

par Garcin MALSA
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